(Bien) Survivre à son mémoire
Le mémoire.
On en entend parler depuis notre première année sans réellement savoir ce que cela implique. Il nous fait peur, nous inquiète et devient presque une hantise jusqu’à notre arrivée en Master 2. Une fois le travail présenté, expliqué et une date fixée pour le rendre, on se dit qu’on a le temps et que ça va être facile mais détrompez-vous. Car même si on sait qu’on doit s’organiser et commencer à s’y mettre bien, bien, bien à l’avance, on laisse traîner les jours, semaines et mois pour s’y mettre dans l’urgence à la fin de l’année universitaire alors qu’on est en stage et qu’on révise pour les partiels.
Je tiens à préciser que ce qui va suivre n’est qu’un témoignage personnel, un retour sur mon expérience qui m’est propre et des conseils qui à mon sens, peuvent aider à appréhender cet exercice et à le réussir. Cependant, attention : Vous devez impérativement vous référer à la méthode demandée et aux exigences souhaitées par votre directeur/directrice de mémoire. Ce qui va suivre n’est qu’un modèle d’organisation, et non l’ultime vérité.
1. Tout d’abord, établir un calendrier.
L’année de Master 2 est une année très mouvementée : entre les cours, les partiels, la recherche de stage, la préparation d’un concours et les recherches d’un premier emploi.. il reste très peu de place et de temps pour le mémoire et pourtant, il est indispensable à la réussite de votre année. Il est donc important selon moi d’établir un planning de l’année à venir, pour répartir les différentes étapes nécessaires à la réalisation de votre mémoire.
Pour ma part, je devais rendre mon mémoire pour fin août et j’ai trouvé mon sujet de mémoire durant le mois de décembre. J’ai donc profité des vacances de Noël pour commencer à réfléchir sur mon organisation :
- Janvier : Définir le plus largement possible les mots de mon sujet de mémoire.
- Février : Lister les actualités récentes autour de mon sujet et commencer à réfléchir sur des axes de travail.
- Mars/Avril : Trouver les sources nécessaires pour travailler sur mes axes ( bibliothèques universitaires, ressources en ligne, librairies..)
- Mai : Poser une problématique et réfléchir à un plan détaillé en fonction des lectures des mois précédents.
- Juin/Juillet : Rédaction intensive malgré un contrat de 30h/sem.
- Août : Dernières finitions, dernières rédactions et mise en forme du mémoire.
2. S’organiser face à ses recherches
Quand vous démarrez votre quête de sources, il est indispensable de classer vos documents dès le début pour faciliter la phase de rédaction. Personnellement, j’ai effectué un classement en fonction des périodes historiques, de la nature des documents et j’ai regroupé ceux portant sur des sujets similaires. Ensuite, j’ai effectué un tableau répertoriant les grandes idées de mes sources pour mieux visualiser mon sujet et trouver plus facilement les axes.
Une fois ce travail fait, les liens logiques se font naturellement, vos documents vont plus facilement se compléter et une problématique peut en découler.
3. Etablir un plan, ou plutôt les plans
Rappel : si votre directeur/directrice de mémoire a demandé en début d’année une validation de votre plan avant la phase rédaction, respectez cette étape avant de vous lancer dans l’écriture de vos chapitres.
Une fois votre plan validé par votre directeur/directrice, il est possible que les formulations changent et se précisent mais aussi que l’articulation de votre travail prévue au départ soit légèrement modifiée. Le principal est de toujours toujours toujours garder les idées validées par votre directeur/directrice. J’ai fais validé un plan de mémoire contenant deux grandes parties, six chapitres et des précisions très brèves sur ces derniers. Mais, au cours de ma rédaction j’ai adapté légèrement mon plan et mes idées pour équilibrer au mieux mon mémoire.
Car c’est très important : vous devez avoir des chapitres, sous-parties ect.. avec des volumes similaires.
4. La rédaction
Tout le monde à sa méthode, et voici la mienne.
J’ai commencé à rédiger seulement après avoir fait mon plan détaillé et répertorié mes documents dans ce dernier. Une fois ce travail effectué, j’ai démarré ma rédaction avec toujours la même méthode. Je pose toujours les citations et les notes de bas de page nécessaires à l’écriture de la partie que je traite pour éviter de plagier un propos qui n’est pas le mien.
Car attention : ne jamais s’approprier une idée qui n’est pas la votre, et toujours indiquer la référence précise de votre citation.
Travailler ainsi rend mes sessions d’écriture plus efficaces car je ne dois pas en plein milieu d’un paragraphe rechercher une citation, et perdre du temps.
Exemple de mon mémoire - l’annonce du ma Partie 1 :
Je pose mes citations utiles :
- « pourtant profondément intime, et même par essence fusionnelle, a été violemment et puissamment appréhendée par la société et son corpus de règles. »
- « socialement posé comme un problème, à résoudre en fonction des données démographiques ou sociales, à débattre sur le terrain de l'opinion publique, ou encore ; et l'histoire l'a attesté à plusieurs reprises ; à combattre par une répression systématique »
- « d’une désapprobation sociale ou morale »
Et ensuite je rédige en développant mes idées autour des citations, sans jamais me les approprier :
Alors même que la relation entre la femme et son corps, voir entre la femme et l’enfant à naitre doit naturellement relever de la sphère privée, on remarque à travers l’histoire qu’il n’en est rien. Au contraire, la relation qu’entretient la femme avec l’enfant à naitre, « pourtant profondément intime, et même par essence fusionnelle, a été violemment et puissamment appréhendée par la société et son corpus de règles. »
La libération de l’avortement a été un combat fastidieux et long à travers les âges, et pour cause il est « socialement posé comme un problème, à résoudre en fonction des données démographiques ou sociales, à débattre sur le terrain de l'opinion publique, ou encore ; et l'histoire l'a attesté à plusieurs reprises ; à combattre par une répression systématique ».
Retracer l’histoire ancienne de l’avortement permet de mettre en lumière d’une part le fait que cette pratique existe depuis des siècles et cela, malgré la présence d’interdits et d’un climat austère mais d’autre part, qu’il fait souvent l’objet « d’une désapprobation sociale ou morale » et même religieuse.
Extrait du mémoire de Elisa Turck, soutenu le 10 septembre 2019 à l’Université de Lille dans le cadre du Master II DPS.
5. L’après rédaction
Une fois votre mémoire rédigé, le travail n’est pas terminé car vous devez encore vous assurer qu’il répond au formalisme demandé. Pour cela, vous devez dès le début vous conformer aux règles et à la méthode demandées pour éviter de devoir reprendre votre police, la taille ou encore l’ajustement et l’espacement.
Prévoyez donc du temps pour vérifier que vous respectez bien toutes les consignes demandées en ce qui concerne votre sommaire, votre table des matières ou encore pour la bibliographie. Pour ma part, j’ai passé plusieurs jours sur cette dernière étape, notamment à vérifier encore et encore. Sachez que ça demande du temps, et qu’après une période longue et intense de rédaction, vous n’avez plus beaucoup de patience alors ne bâclez pas cette vérification.
Pour terminer, quelques conseils traditionnelles :
- Toujours enregistrer votre travail sur votre ordinateur mais aussi ailleurs : clé usb, sur votre boite mail et celle d’un proche ou encore sur un autre ordinateur ou disque dur.
- Relire votre travail de la veille avant de démarrer une nouvelle session d’écriture, ça permet de corriger des petites fautes bêtes et d’avoir une correction finales plus légère.
- Garder toujours le même formalisme quand vous indiquez un auteur, choisissez une manière de citer identique tout au long du devoir : « Prénom.Nom ; P.Nom ; .. »
- Demandez à vos proches de vous lire, et relire. Surtout pour les fautes, et les formulations de vos phrases que vous ne voyez plus à force d’écrire.
- Demandez conseil à votre directeur/directrice si vous avez une question, ou un doute.
Prenez plaisir à travailler sur votre mémoire, il va faire parti de votre quotidien pendant plusieurs mois alors tentez de l’apprécier et de vous y intéresser, ça facilitera votre vie. Surtout, si vous avez la possibilité de choisir votre sujet, prenez un sujet qui vous passionne, qui vous stimule intellectuellement et qui sera utile pour votre avenir.
Une liste non significative d’ouvrages pouvant vous aider à mieux réaliser ce travail :
- L’art de la thèse, de Michel Beau,
- Méthodologie de la recherche en droit, de Raphaël Romi
- Comment réussir un mémoire - 5e éd.
- Choisir son sujet, gérer son temps, savoir rédiger, de Jean-Pierre Fragnière,
- Bescherelle poche Mieux rédiger : L'essentiel pour améliorer son expression, de Adeline Lesot,
- 40 Fiches & Exercices pour Améliorer Sa Rédaction, de Laurence Rauline,
Etant actuellement en 1ère année de thèse, et passionnée par la recherche : je suis toujours présente pour répondre à vos questions sur cette thématique, et sur le milieu de la recherche en général.
Vous pouvez me contacter sur mon compte Twitter en message privé : @Elisatrck Enjoy !
Elisa Turck, bébé doctorante en droit public et droit de la santé à l’Université de Lille.
Aujourd'hui nous avons la chance de publier l'article d'Elisa, elle est une référence sur le Twitter Juridique français en plus d'être une personne que nous apprécions beaucoup. Elle a eu la gentillesse de nous écrire avec un article sur un sujet qui touche beaucoup d'étudiant(e)s.
Au nom d'Etudier En Droit nous te souhaitons, Elisa, toute la réussite possible. Qu'elle soit professionnelle ou personnelle.
Audaces fortuna juvat
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