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Doctorant en droit public et chargé de TD

Pouvez-vous vous présenter ?

Je m’appelle Clément, j’ai 25 ans. Je suis actuellement en fin de deuxième année de doctorat. Je prépare une thèse en droit de la décentralisation. Doctorant contractuel, je suis également chargé de travaux dirigés en droit constitutionnel au titre des missions d’enseignement permises pour les doctorants contractuels. J’inspire à devenir enseignant-chercheur. 

Quel est votre parcours ? Scolaire et professionnel.

Alors au lycée, je souhaitais intégrer les IEP de province. Ne m’étant pas présenté au concours au moment du bac, j’avais candidaté pour intégrer un Cycle université préparatoire au concours commun des IEP de Province de Rouen qui était alors unique en France. Accepté, j’ai effectué cette CUPGE en 2011-2012. Cette première année me permettait de préparer le concours et de suivre une « dominante », en l’espèce le droit. L’intérêt était de pouvoir continuer en L2 en cas d’échec au concours. Arrivé en fin d’année, je n’étais plus réellement intéressé par le concours, et c’est donc logiquement que j’ai échoué. N’ayant pas validé les matières nécessaires, j’ai fait le choix, à l’issue de cette première année, de refaire une première année de licence « normale », ce qui a priori m’a servi.

Partant de là, j’ai eu un parcours classique : Licence de Droit, Master 1 de Droit Public et Master 2 de Droit public approfondi, parcours recherche, dans la mesure où je savais que je pouvais potentiellement m’orienter en thèse, ce qui fut le cas.

Au cours de mon année de M2, j’ai postulé pour des financements de recherche, car je savais que c’était la condition sine qua non pour pouvoir effectuer une thèse. J’ai obtenu un financement de la région à l’issue de mon Master et j’ai ainsi pu m’inscrire en thèse à compter de la rentrée universitaire 2017. Depuis cette année, en plus de mes activités de recherche, je suis également chargé de travaux dirigés pour 64 heures annuel.

Pourquoi avoir choisi ce métier ? Quelle est la genèse de l’idée ?

Tout d’abord, l’idée ne m’est pas apparue dès la licence. C’est important de le souligner. C’est à la fois dû à des rencontres et à certaines étapes déterminantes.

Des rencontres : j’ai eu la chance de rencontrer très tôt des amis qui étaient soit en voie de s’orienter en doctorat, soit déjà en thèse. Cela m’avait permis déjà d’avoir une idée de ce que cela pouvait impliquer. Il y’avait aussi, ce qui a sans doute été déterminant, mes chargés de TD. J’en garde un excellent souvenir. Beaucoup ont réussi à me transmettre leur passion. J’admirais leur pédagogie, et pour beaucoup, leur humanité. J’ai eu la chance d’avoir des enseignants profondément humains, et je pense que cela a joué. Je me suis dis que, moi aussi, j’aimerai être comme cela auprès des étudiants.

Des étapes : Ma curiosité était éveillée dès mes premières années de licence, notamment la deuxième année, j’étais vraiment passionné par certaines matières et j’aimais m’interroger sur les tenants et aboutissants de certaines notions, certains arrêts.  

Mais l’étape la plus déterminante fut sans nul doute au cours de mon Master 1. Alors étudiant, ma faculté recrutait des étudiants pour du tutorat, c’est-à-dire des créneaux de deux heures permettant d’apporter des conseils méthodologiques aux premières années. Un ami l’avait déjà fait, et ses conseils m’avaient été précieux. De plus, c’était aussi un moyen pour moi de me faire un peu d’argent et de voir mes capacités en termes de pédagogie.  Ce fut le déclic. C’est au cours de cette année que j’ai découvert ma passion pour l’enseignement. J’adorais transmettre, j’adorais être au contact des étudiants et j’adorais m’interroger sur beaucoup de sujet. Dès lors, l’enseignement et la recherche relevait pour moi d’une quasi-évidence.

Pour ce qui est de la recherche à proprement parlé ;  et de mon sujet de recherche, mon mandat d’élu local y est sans doute pour beaucoup. Je suis persuadé que sans cela, je ne me serai pas orienté, soit vers un tel sujet, soit dans la recherche.  C’est donc bien la conséquence de plusieurs étapes.  

Pouvez-vous nous décrire une journée « type » au travail ?

Il n’y a pas vraiment de journée « type » de travail. Le terme même de « travail » est d’ailleurs toujours délicat à faire entendre, car le statut de doctorant est un statut « hybride », « batard ». Je suis à la fois étudiant, car j’ai ma carte étudiante et je paye mes frais d’inscription à l’Université, mais je suis également salarié ayant un contrat doctoral assimilé à un contrat de travail de droit public.

Hors période d’enseignement, mes journées sont finalement assez simples : je vais à la fac, je passe toute la journée sur mes recherches. Cela peut être tant de la lecture, que de l’écriture (que ce soit le plan, la conceptualisation, mettre sur el papier certaines idées etc.). Parfois, vous avez également la paperasse administrative à faire, ce qui vous prend du temps. Mais encore une fois, il est vraiment difficile d’établir une journée type, d’autant plus que, hors enseignement, nous n’avons pas en soit d’obligation de présence à la fac, excepté lorsque nous avons des formations doctorales et des formations pour les missions d’enseignement.

Si nous avons effectivement une vraie liberté dans la manière d’organiser notre travail de recherche, nous avons quand même des comptes à rendre. Notre formation étant professionnalisante, encore plus pour les doctorants contractuels qui doivent avoir des formations pour les missions d’enseignement, nous avons un nombre d’heures de formation à effectuer, un rapport annuel à faire auprès de l’école doctorale.

En période d’enseignement, c’est un peu plus chronophage : avant mes séances de TD, je relis toujours mes séances pour avoir à l’esprit ce que je vais dire. Puis vient le temps des enseignements qui peuvent me prendre une bonne demi-journée. J’y donne beaucoup d’énergie ce qui fait que, généralement, je suis incapable de travailler par la suite. Pour préparer mes séances, je prends entre une à une demi-journée de préparation : à titre d’exemple, si mes TD sont en début de semaine, je prends généralement le vendredi pour préparer les séances et corriger les copies.

Donc, pour résumer, en période d’enseignement, il est sans doute plus facile de détailler une « journée type » de travail. Et ne parlons pas des périodes de correction de copies d’examen où là, les journées sont dictées selon le rythme des corrections.

Pour résumer, vous avez sans doute des « expériences vécues type » pour un doctorant, mais beaucoup moins, selon moi, de journée « type ».

Quel souvenir gardez-vous de vos années fac ?

Je dirais l’épanouissement. Mes années de fac m’ont permis de me découvrir, de voir ce dont j’étais capable et de me trouver des ressources insoupçonnées. Avant la fac, jamais je n’aurais pu envisager une seule seconde que je terminerai en thèse. Je me suis toujours considéré comme « normal », loin d’être brillant. Je me contentais simplement de travailler. Et je n’avais pas non plus des notes exceptionnelles. Je n’ai eu une mention qu’au cours de mon Master 2.

Mes années ont aussi été partagées. Je ne reviendrai pas sur la raison du comment mais ma troisième année de licence a été difficile, ce qui fut tout le contraire de mon année de Master 2 qui a été la meilleure année de mon parcours. Nous étions peu nombreux et nous nous entendions tous bien, ce qui fait que nous avons passés des très bons moments. C’était une formidable année.

Si vous pouviez modifier une chose dans votre méthode/organisation qu’est-ce que cela serait ?

Bonne question. Honnêtement, je ne sais pas.

Travailler plus, toujours plus. Et toujours avoir à l’esprit ce qu’un enseignant de Master 2 m’a dit, et m’a marqué : en tant que juriste nous avons toujours tendance à entrer dans la technique, en oubliant d’aller dans les généralités. Alors, je dirai : essayez de ne pas rentrer toujours, directement, dans la technicité.

Quelles difficultés avez-vous-eu et comment les avez-vous surmontées ?

Comme beaucoup, j’avais mes points forts et mes points faibles, ce qui m’a sans doute empêché d’obtenir une mention en licence ou Master 1, mais c’est comme ça.

Je ne sais pas si je les ai surmontées, mais je travaillais du mieux que je pouvais ces matières pour limiter la casse et je me disais toujours qu’on ne peut pas être bon partout, que comme toute personne, j’ai mes limites. Bref, j’essayais de relativiser. Je pense que c’est fondamental, y compris pour les études.  

Je pense que le plus important est d’être cohérent, de faire des choses qui nous plaisent, de chercher à s’améliorer sans tenter de trouver la perfection et, surtout, d’accepter l’échec. On apprend sans doute bien plus par l’échec que par la réussite constante.

Une de mes principales difficultés a été les aléas en matière de santé. Là, pas le choix, vous faites avec. Ça m’a imposé, encore plus depuis que je suis en doctorat, de lever le pied, de m’écouter et de ne pas travailler à outrance. Il y’a un temps pour tout, y compris pour se reposer et se ménager (Croyez-moi que venant de moi, ça fait bizarre).

Quels sont vos conseils pour les futurs étudiants ?

Faites ce qu’il vous plait ! Si vous voyez très vite que le droit ne vous plait pas, ne forcez pas, changez de voie ! Mais laissez-vous néanmoins du temps pour en juger.

Mettez-vous au travail rapidement et allez à l’ensemble des cours magistraux. Beaucoup d’étudiants se laissent piéger par le degré d’autonomie que la faculté procure, or l’autonomie veut aussi dire autonomie dans le travail. Assister aux CM m’apparaît indispensable : 1° vous assimilerez sans doute mieux qu’en lisant un simple manuel, 2° l’enseignant peut faire des digressions facilitant la compréhension, 3° Vous pouvez également poser des questions à l’enseignant du cours magistral !

Ensuite, et c’est une conséquence du deuxième point :  travaillez régulièrement. C’est fondamental, c’est-à-dire : relisez vos cours, travaillez vos séances de TD (le plus important), en vous exerçant à la méthodologie.

Essayez de ne pas vous décourager à la première difficulté. La difficulté est inhérente aux études. Nous sommes tous passés par là. Les études de droit sont des études exigeantes et parfois difficiles, mais loin d’être insurmontables ! Tout est question de travail. Il n’y pas de secret.

Si j’ai réussi, pourquoi pas vous ?

 

 

Note de la rédaction :

Cet article est, vous l'avez vu, rédigé sous la forme d'une interview. Nous avons ainsi fourni les questions à notre invité qui a eu la gentillesse d'y répondre. Cette forme se répètera peut-être pour les témoignages des professionnel(le)s.

 

 

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