Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur vos chargés de TD (sans jamais oser le demander)
La chaîne alimentaire universitaire est, somme toute, relativement simple. Au bas de l’échelle il y a vous, les étudiants. Licence, Master, en soit peu importe. Au-dessus, il y a nous, les « chargés de TD » (pour Travaux Dirigés). Pour l’extrême majorité, nous sommes en thèse. On peut dire étudiant de doctorat mais cela retranscrit assez mal ce que l’on fait. Encore au-dessus, il y a le corps enseignant titulaire, qui se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent les maîtres de conférence (MCF) et les professeurs. Les premiers sont docteurs et ont présenté leurs travaux devant le Conseil National des Universités (CNU) qui les a autorisés à enseigner à l’université. Les seconds sont aussi docteurs, et peuvent devenir professeurs de deux manières, soit en passant un concours, soit après avoir été maîtres de conférence en justifiant de leurs travaux devant le CNU.
Le chargé de TD se situe donc relativement bas dans la hiérarchie. Là, on m’objectera déjà que « chargé de TD » est une fonction, qui peut être occupée par des intervenants extérieurs (avocats, magistrats, ...), des doctorants, des docteurs, des MCF ou des professeurs. C’est vrai, mais on s’intéressera ici au cas le plus fréquent, celui du chargé de TD doctorant.
Ce sera votre pire crainte, le cauchemar qui hantera vos nuits, celui dont la présence vous hérissera le poil, et dont la mention même du seul nom, parfois, vous fera frémir d’effroi. Mon rôle est de vous apprendre comment travailler les exercices juridiques en pratique. Je précise ici que je suis un représentant mâle de l’espèce. Peut-être une représentante femelle aurait-elle un point de vue divergeant sur certains éléments.
Chaque semaine du semestre, c’est-à-dire en général, selon les universités, entre 8 et 10 semaines, vous nous retrouverez en petit groupe (20 au mieux, 35 au pire en général) afin de travailler dissertations, commentaires et autres cas pratiques. Et vous serez notés impitoyablement, aurez des copies à rendre parfois chaque semaine, parfois relevées de façon impromptue, et parfois avec des interrogations surprises. La note comptera pour à peu près 1/8e du semestre.
Et comment moi, jeune homme plutôt charismatique, séduisant, éloquent et dont la modestie n’a d’égale que l’humour acerbe en suis-je arrivé à être tortionnaire pour étudiants en droit, me demanderez-vous ? C’est une bonne question. Il n’y a pas de parcours type, même une fois passées les portes de l’université. Et mon parcours n’est, croyez-le ou non, ni intéressant ni représentatif. Mais au fond, le chargé de TD est comme vous. En un peu plus vieux.
Comme aurait pu (du ?) l’écrire Shakespeare :
« Un chargé de TD n’a-t-il pas des yeux ? Un chargé de TD n’a-t-il pas des mains, des organes,
des dimensions, des sens, de l’affection, de la passion ; nourri avec
la même nourriture, blessé par les mêmes armes, exposé
aux mêmes maladies, soigné de la même façon,
dans la chaleur et le froid du même hiver et du même été
que les étudiants ? Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ?
Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? Si vous nous empoisonnez,
ne mourrons-nous pas ? Et si vous nous bafouez, ne nous vengerons-nous pas ? ».
La où différence il y a, c’est dans nos activités. Le chargé de TD n’est jamais uniquement tortionnaire de TD. Il est souvent également thésard, c’est-à-dire un peu chercheur junior. Il tente de faire une thèse, c’est-à-dire en résumé une très grosse dissertation de 500 pages sur plusieurs années qui a pour but de faire avancer la connaissance dans un domaine du droit. Et quel que soit son statut, il n’est jamais vraiment payé uniquement pour les TD. Soit il a un contrat spécifique et les TD ne sont qu’une infime part de son travail (du moins en théorie), soit il est vacataire payé au lance-pierre (30€ de l’heure de TD, sans inclure la préparation, la correction des copies et les diverses surveillances d’examens. Et il faut parfois une bonne heure pour préparer une séance et deux bonnes heures pour corriger).
Notre activité principale, donc, n’est pas d’enseigner. Elle est de chercher. L’enseignement n’est qu’un plus. Nous ne sommes pas non plus des monstres froids. Quand vous avez un problème, vous pouvez nous en parler. Ce que l’on vous demande, en retour, est relativement simple. Un minimum de travail et un minimum de savoir vivre tant en TD que lorsque vous nous écrivez des emails. Lorsque l’on note vos copies, on ne s’acharne pas sur vous. On s’énerve, parfois, sur les bêtises que vous pouvez écrire, mais c’est tout. Vous ne représentez qu’une petite part de nos activités professionnelles. On aime en général passer un peu de temps avec vous, mais nous ne nous acharnons pas sur votre sort. Si l’on préfère vous voir valider vos semestres, au final vos résultats ne nous empêcheront pas de dormir.
Alors, pour finir, travaillez, ouvrez des cours et des manuels, et ne prenez pas mal vos mauvaises notes. Vous n’êtes pas nuls. Au plus, vos travaux le sont. Et ce n’est pas grave. Nous sommes là pour vous aider à les améliorer.
Une question ? Une remarque ? Un commentaire ?
L'espace ci-dessous est pour vous !
Besoin ou envie de nous contacter ?
Un formulaire de contact est à votre disposition dans le menu à droite.